#2 - Toujours garder espoir

Pour cette deuxième édition de ma newsletter, je ne savais pas vraiment par où commencer, tant l’actualité est dense ces temps-ci. La réélection de Donald Trump, dans une Amérique profondément divisée, confirme la lame de fond réactionnaire qui emporte le monde. Elle pourrait nous décourager, tant son programme est inquiétant.

Tenir tête
3 min ⋅ 06/03/2025

Elle pourrait nous décourager, tant son programme est inquiétant. Trump incarne une politique du “rien à foutre”: des services publics, du climat, des droits des femmes, de la vérité, de la démocratie, de l’égalité, du droit international…

Plutôt que de désespérer, je crois qu’il nous est donné, au contraire, une occasion de réagir. Nous mesurons notre responsabilité, à nous les humanistes, les démocrates, les internationalistes, les socialistes, pour apporter le progrès dans un monde que les libertariens de la Silicon Valley, alliés aux nationalistes, aux climatosceptiques et aux impérialistes de tous bords, veulent forger pour leurs profits. Juste après la victoire de Donald Trump, la fortune des dix hommes les plus riches du monde a bondi de plus de 64 milliards de dollars en 24 heures.

Il n’y a de fatalité que dans la résignation. 

Pour commencer, il faut que la France se rebelle face à ceux qui tentent d’importer le “trumpisme” sur notre sol, à l'instar de notre indigne Ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, qui dit vouloir s’inspirer de la “politique de la hache” promue par le milliardaire Elon Musk pour taillader les services publics. Ou encore de Marine Le Pen, qui s’inspire directement de Donald Trump quand elle ne supporte pas que la justice s’applique à elle, dans l’affaire des assistants parlementaires fictifs du RN au Parlement européen. Cette offensive contre l’indépendance de la justice est très grave et le pire, c’est qu’elle est cautionnée par bon nombre de personnalités médiatiques et politiques. La loi doit être la même pour tous, que l’on soit riche ou pauvre, marginalisé ou puissant. C’est un principe de base dans toute société démocratique. 

Il faut aussi que l’Europe se réveille face à la promesse de Donald Trump d’augmenter les droits de douane américains sur les exportations européennes. Nous le répétons depuis des années : l’Union européenne doit tourner le dos à sa naïveté économique et géopolitique. Elle doit protéger son industrie et ses emplois. Pour l’instant, ça n’est pas encore le chemin qu’elle prend. Il y a quelques jours, à Bruxelles, j’étais aux côtés des agriculteurs pour dire “non” à l’accord de libre-échange MERCOSUR. S’il était signé contre l’avis de la France, il exposerait notre agriculture à une concurrence déloyale de méga-fermes usines au Brésil ou en Argentine, qui ne respectent pas les mêmes règles que les nôtres: OGM, pesticides, hormones de croissance... Nous ne pouvons pas demander à nos agriculteurs de produire mieux, pour notre santé et la leur, et en même temps les exposer à une concurrence déloyale. Stop !

La colère des agriculteurs rejoint celle des ouvriers. Au début du mois, je suis allée près d’Amiens dans la Somme, à la rencontre des salariés de l’usine Watts, menacée de fermetureCette usine produit des pièces pour pompes à chaleur, dont nous avons cruellement besoin pour chauffer nos maisons avec moins d’énergie. Les salariés que nous avons rencontrés ont tout donné pour leur entreprise, qui fait des bénéfices, grâce à eux. Malgré ça, ils risquent de perdre leur emploi. Une usine qui s’en va, ce sont des salariés au chômage mais aussi des commerces à la peine et des petites communes sinistrées. La recherche de profit sans limite, sans égard pour les travailleurs et nos territoires, n’est pas tolérable. Elle est pourtant tolérée par Emmanuel Macron qui, en matière de politique industrielle, se contente d’inviter des grands patrons à Versailles chaque année depuis 7 ans, alors que nous avons besoin de protection commerciale et d'investissements massifs.

A travers l'exemple américain, nous voyons bien qu'il faut tout faire pour éviter l’ultra-polarisation de notre pays entre les villes et les campagnes, les jeunes et les vieux, les femmes et les hommes, ou encore les Français et les étrangers... Ces clivages sont exacerbés par le système médiatique et les réseaux sociaux, mais ils ne naissent pas de nulle part. Ils prospèrent sur un déficit démocratique, un sentiment de mépris de la part des élites et des injustices : les inégalités de revenus, d'accès aux soins, aux transports ou à la culture, des discriminations. La réconciliation passera par une politique de justice et d'écoute. L’extrême droite ne peut pas porter ce projet. Elle n’apporte aucun remède aux maux de notre temps : elle ne fera que les aggraver.

Prenez soin de vous !

Sincèrement, 

Chloé Ridel

Tenir tête

Par Chloé Ridel

Chloé Ridel est élue députée européenne en 2024, et porte-parole du Parti socialiste depuis 2023. Engagée pour la réforme des modes de scrutin comme co-fondatrice de l'association "Mieux Voter" et le développement de politiques écosociales à l'Institut Rousseau, elle se bat désormais au Parlement européen pour la protection de la justice internationale et la lutte contre la corruption.

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